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Fusillades à Bruxelles : guerre de gangs ou menace communautaire ?

Bruxelles en proie à une vague de fusillades liées au narcotrafic. Entre guerre de gangs, jeunes désœuvrés et réseaux islamistes, la capitale vit une montée inquiétante de la violence urbaine. Analyse.

Bruxelles avec voitures de police et gyrophares

Depuis plusieurs mois, Bruxelles est secouée par une vague de fusillades mortelles. Chaque semaine, les balles sifflent dans les rues de Molenbeek, Anderlecht, Schaerbeek ou Saint-Gilles. Loin d’être des incidents isolés, ces violences traduisent une réalité inquiétante : la capitale belge est devenue l’un des nouveaux épicentres européens du narcotrafic.

Une guerre de territoires sanglante

Les autorités le confirment : la grande majorité des fusillades est liée à des règlements de comptes entre gangs criminels. Ces réseaux s’affrontent pour le contrôle de “points de deal” qui rapportent des dizaines de milliers d’euros par semaine. Le port d’Anvers, première porte d’entrée de cocaïne en Europe, alimente directement cette explosion de violence.

Entre 2022 et 2024, les fusillades sont passées de 56 à 92 par an, soit une hausse de 65 %. Depuis juillet 2025 seulement, on en compte déjà une vingtaine, avec plusieurs morts.

Qui sont les acteurs de ces fusillades ?

Contrairement aux fantasmes qui circulent, il ne s’agit pas de terrorisme islamiste. Les fusillades bruxelloises ne relèvent pas de l’idéologie religieuse mais bien du crime organisé.
Cependant, il faut être lucide sur les profils en cause :

  • Beaucoup de jeunes issus de l’immigration maghrébine (Maroc, Algérie, Tunisie) sont enrôlés par les réseaux.
  • Certains sont en situation illégale (sans papiers), d’autres sont Belges de naissance, déscolarisés et sans perspectives.
  • Le profil sociologique recoupe parfois celui des jeunes touchés par la radicalisation islamiste : chômage, pauvreté, communautarisme, sentiment d’exclusion.

Autrement dit, ce n’est pas “l’islam” qui tire les balles, mais les mêmes failles sociales qui nourrissent à la fois l’islamisme et la criminalité.

Un problème systémique à Bruxelles

Le procureur du Roi, Julien Moinil, parle d’une situation “inacceptable”. Malgré 6 000 personnes déférées depuis janvier et plus de 1 500 incarcérations, les chiffres explosent. Pourquoi ?

  • Vide politique régional : Bruxelles n’a toujours pas de gouvernement, bloquant les réformes nécessaires.
  • Santé publique défaillante : absence de centres de traitement de la toxicomanie en nombre suffisant.
  • Prisons débordées : certains barons continuent de diriger leurs réseaux derrière les barreaux.
  • Moyens limités : plus de 400 expertises balistiques en attente, faute de ressources.

Danger pour les habitants

Si les victimes sont en majorité des membres de gangs, les fusillades se déroulent en pleine rue, parfois devant des écoles ou des cafés. Les habitants se sentent pris en otage d’une violence qui ne les vise pas directement mais qui peut, à tout moment, les atteindre par ricochet.

Une bombe sociale et sécuritaire

Bruxelles vit aujourd’hui ce que Marseille, Rotterdam ou Stockholm ont déjà connu : une criminalité de type narco-urbaine où la vie humaine ne pèse pas lourd face aux profits colossaux de la drogue.

Tant que la Belgique ne traitera pas le problème à la racine — contrôle des flux de cocaïne, politique carcérale ferme, lutte contre l’économie souterraine, et surtout reconstruction d’un projet d’intégration sociale — les fusillades continueront.

Conclusion

Ce qui se joue à Bruxelles n’est pas une “guerre religieuse”, mais une guerre mafieuse qui exploite la misère sociale et le communautarisme.
Si rien ne change, la capitale de l’Europe risque de ressembler de plus en plus à une “Marseille du Nord”, où l’on apprend chaque jour à vivre avec le bruit des kalachnikovs.

Saad van Nassouwe
Écrit par Saad van Nassouwe
Le 18 août 2025

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