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Pourquoi l’extrême droite mêle royalisme, religion et nostalgie coloniale — et soutient la colonisation de la Palestine

Pourquoi l’extrême droite européenne soutient-elle Israël dans sa politique coloniale en Palestine, alors qu’historiquement elle fut antisémite ? Pourquoi glorifie-t-elle à la fois les monarchies d’Ancien Régime, les “racines chrétiennes” de l’Europe et l’époque coloniale ?
Parce qu’elle ne défend pas des faits, mais un récit idéologique : celui d’une civilisation “menacée” qui doit restaurer l’ordre, l’identité et la domination. Décryptage.

Royalisme : le fantasme d’un ordre hiérarchique figé

Dans l’imaginaire de l’extrême droite, le monde était mieux “avant” : quand l’autorité était incarnée par un roi, une église, un chef.
Elle se réfère souvent à la monarchie comme symbole de stabilité et de tradition, opposée au “désordre républicain” issu des Lumières et de la Révolution française.

C’est l’idée d’un “ordre naturel” à restaurer, divinement légitimé.

Cette obsession de la hiérarchie s’aligne sur l’idéologie du sionisme religieux, où la Terre promise est une vérité divine, au-dessus du droit international.

Le christianisme comme rempart identitaire

Depuis les années 2000, les extrêmes droites occidentales ne sont plus franchement antisémites — elles sont islamophobes.

Pour justifier cela, elles ont construit un concept flou mais efficace : le “judéo-christianisme”.
Israël devient alors un allié spirituel et culturel, qui lutte contre l’ennemi commun : l’islam.

“Israël défend les valeurs occidentales : famille, tradition, autorité.”

Ce glissement idéologique est particulièrement visible chez des figures comme Éric Zemmour, Geert Wilders ou Viktor Orbán.

Nostalgie coloniale : la mission civilisatrice

La droite radicale refuse de reconnaître les crimes de la colonisation.
Au contraire, elle les glorifie comme des missions civilisatrices : apporter l’ordre, la religion, la loi à des peuples “inférieurs”.

Dans cette logique, Israël devient le nouveau modèle de colonisation justifiée :

  • des colons “éclairés”,
  • des indigènes “ingrats”,
  • un État fort qui impose l’ordre.

Cela permet de réhabiliter le passé colonial européen tout en attaquant les minorités.

L’islamophobie comme moteur principal

Le point commun de tous ces discours ? L’obsession anti-islam.

C’est le véritable ciment de cette idéologie :

  • rejet de l’immigration musulmane,
  • lutte contre le halal, le voile, les mosquées,
  • soutien à Israël vu comme le “rempart avancé” de l’Occident.

Dans leur vision du monde, plus Israël colonise, plus “nous” gagnons du terrain.

Un appui américain bien huilé : le sionisme chrétien

Aux États-Unis, la droite évangélique soutient Israël non pas pour des raisons politiques, mais religieuses :

“Israël doit dominer Jérusalem pour que Jésus revienne.”

Ce sionisme chrétien a financé massivement les colonies en Cisjordanie et pèse lourd sur la diplomatie américaine.

Et les droites européennes, influencées par ce courant, ont adopté le même discours, transformant Israël en modèle de nation forte, religieuse, militarisée.

Sources / Pour approfondir :

  • Sionisme chrétien : une idéologie aux racines théologiques, France Culture (2021)
  • L’extrême droite et Israël, histoire d’une réconciliation idéologique, Mediapart (2022)
  • Samuel Hayat, “La République n’a jamais été démocratique”, entretien (Le Vent Se Lève)
  • Raphaël Liogier, “Le mythe de l’islamisation”, Seuil, 2012
  • Pascal Blanchard, historien de la colonisation : interviews et ouvrages sur la mémoire coloniale.

Extrême droite, Pouvoir et Politique
Colonisation, Europe, Extrême droite, Israël, Sionisme chrétien