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Syndrome de Korsakoff : quand l’alcool détruit le cerveau dans l’indifférence

Le syndrome de Korsakoff est une démence évitable causée par l’alcool et la carence en vitamine B1. Méconnu en France et en Belgique, il détruit la mémoire et l’autonomie de milliers de personnes.

Le syndrome de Korsakoff est une démence évitable causée par l’alcool

Une démence liée à l’alcool… mais évitable

On connaît les ravages de l’alcool sur le foie, le cœur ou les relations sociales. Mais on parle beaucoup moins de son effet destructeur sur le cerveau. Pourtant, une consommation chronique et excessive peut conduire à une démence bien particulière : le syndrome de Korsakoff.

Il s’agit d’une maladie liée à une carence sévère en vitamine B1 (thiamine), essentielle au fonctionnement du cerveau. Or, chez les grands buveurs, l’alcool empêche l’absorption et le stockage de cette vitamine, tout en appauvrissant l’alimentation. Résultat : les neurones s’abîment, les connexions se détruisent, et la mémoire s’effondre.

Les symptômes : mémoire en miettes et comportements étranges

Contrairement à la maladie d’Alzheimer, où la mémoire s’efface progressivement, le syndrome de Korsakoff frappe par :

  • Des pertes de mémoire massives, parfois sur des périodes entières de la vie.
  • Des confabulations : la personne invente des récits sans s’en rendre compte pour combler ses trous de mémoire.
  • Une désorientation : incapacité à se situer dans le temps ou dans l’espace.
  • Des troubles du comportement : apathie, irritabilité, désinhibition.

À terme, le malade perd son autonomie. Le cerveau est littéralement détruit par l’alcool.

Une démence pourtant évitable

Ce qui choque le plus, c’est que ce syndrome pourrait être évité. Administrer de la vitamine B1 à temps permet d’éviter les lésions irréversibles. Mais en France et en Belgique, cette maladie reste largement méconnue et sous-diagnostiquée. Beaucoup de patients sont classés à tort dans les « Alzheimer précoces » ou dans des démences non précisées.

Le résultat : des familles démunies qui ne comprennent pas pourquoi leur proche change si brutalement, et un système de santé qui tarde à réagir.

Le tabou de l’alcool

Pourquoi si peu de reconnaissance ? Parce que parler de ce syndrome, c’est rappeler que l’alcool est une drogue légale, hautement toxique, et socialement valorisée. Or, reconnaître que des dizaines de milliers de personnes en France et en Belgique sombrent dans une démence évitable mettrait en lumière une hypocrisie collective.

Comprendre pour agir

Le syndrome de Korsakoff n’est pas une fatalité. Il n’apparaît que dans des cas de dépendance sévère, prolongée, et peut être prévenu par une prise en charge nutritionnelle et médicale. Mais tant que la société continuera à banaliser l’alcool et à ignorer ce type de démence, des milliers de familles continueront à souffrir en silence.

Saad van Nassouwe
Écrit par Saad van Nassouwe
Le 25 août 2025

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